Ariel B. Acosta: "Dans le Gris"



"La pluie m’obsède
Les horloges
L’architecture
Je n’ai plus aucun sens d’orientation
Toutes les rues
Toutes les places
Tous les coins
Se ressemblent
Je m’habille de gris
Mes cheveux grisent
Et je me confonds avec la pierre
Je vais bien
Avec les maisons
Avec les corbeaux
Avec les nuages
Plus jamais je ne me suis assis
Sur le perron
Mes mains ne touchent plus la poussière
Je ne regarde plus
J’ai de l’argent
Une maison
Une voiture
La trilogie du succès (cubaine)
Mais j’ai aussi ma montre
Qui serre mon poignet
Qui serre très très fort
J’ai aussi ma mémoire
Le passé que j’ai fui
Mais qui contient des visages
Que je connais bien
Qui parlent ma langue
La mienne
Dans laquelle je ne fais pas d’erreur
(Normalement)
Il y a aussi la possibilité
D’avoir plus d’argent
Une autre maison
Une meilleure voiture
Et une corde autour du cou
Qui serre très très fort
Je garde mes yeux dans ma poche
Et pour moi c’est déjà assez
Parce que dans ces yeux il y a les souvenirs
De ma vie d’avant
C’est ce qui m’encourage
La paranoïa
Cette obsession de bouger
Je suis bien ici
Dans la pierre
Dans la pluie
Dans le labyrinthe de rues
Dans le temps qui vole
Dans le gris."




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